I'm a Dreamer...

.: I'm a Dreamer :.

Ce matin, Bawabawa s'était levée du bon pied. Tout d'abord, il faisait beau, et rien ne la ravissait plus que le beau temps; à travers sa fenêtre, dans la salle commune des Serdaigles, elle avait pu voir un éther azuré et pur, où dérivaient seulement quelques nues paresseuses. Son pied droit s’était posé le premier sur le parquet du dortoir ; et elle avait quitté celui-ci de bonne humeur, tout simplement car on était Samedi aujourd’hui, et qu’il n’y avait pas cours.
Non pas que la fillette n’aimait pas les cours…mais ces temps derniers, elle avait plus tendance à écoper qu’à ramer si elle ne voulait pas que sa pirogue coule, tandis que d’autres étaient déjà en train de hisser leurs voiles innées et lui filer un gratos sur la mer des études. La scolarité était beaucoup, beaucoup plus dure ici que dans l’école de Moldus de Stockholm d’où elle venait avant d’intégrer Poudlard.

Pourtant, l’Académie de Magie lui plaisait bien. C’était un endroit vaste où il y avait tant de personnes, qu’il était impossible de ne pas se faire des amis. Et la densité entraînait aussi la diversité ; toutes les opinions, toutes les origines se rencontraient, bien que Bawabawa eut remarqué maintenant à plusieurs reprises et de manière flagrante que les enfants nés-Moldus étaient plus traités comme des sacs de fiente qu’autre chose…contrairement, par exemple, aux préfets de leurs cousins éloignés les Sang-Pur, qui avaient main basse sur tout et pignon sur rue pour vilipender sans cesse les victimes innocentes.
La jeune fille était, elle, à mille lieux de ces conflits. Sa nature joyeuse et sociable n’arrivait pas bien à distinguer la différence entre ceux qui avaient une ascendance magique ou non. Mais après tout, elle aurait six longues années pour apprendre des tas de choses, et peut-être qu’alors cet aspect si nébuleux à ses yeux serait mis en lumière.

Après s’être lavée et habillée d’une courte jupe kaki et d’un haut noir, Bawabawa saisit ses quelques devoirs qu’elle fourra dans un sac et quitta la salle commune, son Eastpak Moldu bleu pastel parsemé de piquants, cadeau de ses grands-parents pour sa rentrée scolaire et qui ne convenait pas du tout à son style (bah ouais…depuis quand les grands parents s’intéressent à la mode ?) sur le dos. Il était encore tôt et les couloirs quasi-déserts lui offrirent un allé simple jusqu’au Parc, où les longues pelouses pentues étiraient leur tapis moelleux d’une intense couleur malachite. Bawabawa s’élança joyeusement sur l’herbe et décida de s’asseoir au bord du Lac, à l’ombre d’un petit arbre.
Les rumeurs prétendaient que toutes sortes d’animaux vivaient dans ce Lac, mais la jeune fille n’en avait encore jamais vu aucun. Dommage, d’ailleurs, car une des choses qu’elle voulait absolument faire avant d’avoir fini ses études était d’observer le Calmar géant et ses pseudopodes recouverts d’algues en pleine action.

La fillette essaya de commencer ses devoirs, mais les schémas compliqués de l’Astronomie ne lui évoquaient rien de familier. Au contraire, elle pensait plutôt à un gros gâteau à la crème, vu qu’elle était partie sans petit déjeuner. Une petite brise souffla, dessinant des plis légers sur l’eau et faisant voleter ses courts cheveux bleus ; elle soupira d’aise, et décida somme toute de s’offrir une courte sieste.
Allongée de tout son long dans l’herbe, la tête posée sur son sac en guise d’oreiller, Bawabawa rêva qu’une double limace géante montée sur un char à essieux customisés se précipitait sur elle afin de lui arracher l’étiquette de sa culotte extensible, laquelle dépassait de sa jupe. Elle s’enfuyait alors, découvrant son prof de Sortilèges déguisé en triton. Malheureusement, elle finit mangée par une des têtes de la limace et invita sa grand-mère à faire de la luge sur les sucs gastriques pour trouver une clé…objet qui lui permit d’entrer dans le Candy Paradise où elle entreprit de goûter à toutes les pâtisseries aux authentiques noix de cajou d’Ouzbékistan possibles et imaginables…ce dont elle parvint après avoir enflé comme une bonbonne. Elle put donc s’envoler et filer à MAC 6 pour atteindre son lit en poils de lévriers, symbole d’un repos bien mérité.
Un bruit bien réel la fit cependant sursauter et Bawabawa se réveilla, toujours au bord du Lac, en regardant de tous côtés. Quelqu’un approchait.

[Libre à tous!!^^]

[Hj:J'adore ta manière d'écrire!]

Encore. C’était toujours la même rengaine qui revenait sans cesse. Sans sens. Sans intérêt. Sans sympathie. Alexandra ferma les yeux pour faire passer cette boule caverneuse qui tentait de glisser dans sa gorge, se frayer un chemin jusqu’à ses yeux pour couler sur sa joue. Comment dire à sa sœur, qui était là, debout devant elle, qu’elle ne désirait pas partir ? Les mots. Les phrases. Toujours les mêmes, dénué de signification ou de valeur morale. Elle voulait rester. Pour énerver sa frangine? Non, ce n’était pas dans ses attentions. Pourquoi ne pouvait-elle pas comprendre que sa maison, c’était ici? Troublée, elle porta son regard au fond du corridor, tentant d’ignorer celui de Jacintha. Elle était son aîné d’un an et ne s’était jamais plût à Poudlard. Et voilà que, sur un simple coup de tête, elle désirait partir! Mais la rouge et or n’éprouvait pas ce besoin ni cette insécurité et c’est ce qu’elle essayait de lui expliquer, en vain . Alors, après quelques secondes d’un silence manipulateur, elle acquiesça silencieusement. Elle garderait le secret. Les professeurs ne devaient pas savoir qu’une élève de plus venait de quitter les rangs des rouges et ors. Oh, elle allait bien leur en toucher un mot, mais pas immédiatement. Persécuté. Ce mot sonnait encore étrangement à ses oreilles. Pourtant, n’était-ce pas la raison qui poussait cette fille, avec lequel elle est liée par les liens du sang, à quitter cet établissement ?

Les serpentards devenaient de plus en plus cruels et ce n’était pas tout le monde qui réussissait à tenir le cap. C’était une guerre sans merci, où seul tenir bon était déjà un exploit. Les coups bas étaient permis et les gryffondors ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Certains enseignants étaient avec eux, mais ils étaient si rares… Oui, Alessandra allait se taire. Pour ne pas donner la satisfaction à ces forces obscures de savoir qu’une nouvelle personne, une victime de leurs méfaits, venait de céder. Soupirant, elle déposa un doux baiser sur la joue de son aînée, prononçant les mots appropriés avec aigreur. Adieu. Comment une simple gamine de 16 ans pouvait-elle utiliser ce syntagme, alors que d’habitude, il est réservé à la mortalité et aux adultes ? Pourquoi, là, maintenant, dans ce stupide couloirs où les gens passaient sans se préoccuper de ce drame qui se déroulait devant leurs yeux ? Inconscient! Oh, elles allaient se revoir. S’écrire. Mais voilà, elle serait maintenant seule. Devant l’adversité. Avec ses peines et ses colères. Oui, l’Italienne n’était pas très heureuse de cette situation. N’empêche, qu’elle allait devoir l’accepter. Comme toujours.

Après quelques secondes où le temps semblait s’étirer, elle se retourna et partit dans les dédales des corridors. Elle détestait les départs. Ils laissaient toujours un goût amer dans sa bouche , un relent de violence et d’ingérence. Et pourtant, elle allait devoir s’y accoutumer. Se remettre à sourire. N’était-elle pas habituée à de telle chose ? Son frère, Paolo, était quant à lui partit l’année dernière. Il ne restait plus qu’elle parmi les rouges et ors. Mais elle ne comptait pas céder. Alessandra était une battante, dans son cœur comme dans sa tête. Et le premier pantouflard, idiot ou verts et argents qui allaient oser se mettre à travers de son chemin allait goûter à la puissance de sa baguette! Soutenu par ses propres pensées, elle commença à avancer jusqu’à se retrouve dans le hall d’entrée. Devant elle? La porte. Puis le parc. Et le lac. Elle se plaisait déjà à imaginer le chatouillement de l’eau qui allait lécher ses orteils…Oui, ce simple contact la remettrait sans doute d’aplomb.

Forte de ces réflexions, elle se retrouva bien vite dans le parc, à observer les environs. Il faisait beau et l’air l’embaumait de cette senteur qu’elle adorait temps. Les gens autour d’elle la regardaient étrangement. Qu’avait-elle ? Ce ne fût qu’après quelques secondes qu’elle prit conscience que des cristal salés coulaient sur sa joue. Alors, dans un mouvement plus brusque que souhaité, elle passa une main sur sa peau, disloquant le liquide insouhaitable. Elle sentait le vent s’engouffrer dans ses cheveux, frôlant son dos avant de repartir en vol. Portant une minijupe violette et un T-shirt de marque, elle pouvait sentir ce souffle nouveau qui rentrait dans ses poumons par ses fosses nasales, passant par son pharynx, son larynx puis la trachée, avant d’arriver dans les bronches, bronchioles et sacs alvéolaires. [ Bio Powaaa! ] Ce qui était assez représentatif de sa passion pour la médecine. Au loin, elle aperçût une jeune fille de première qui semblait endormis. Elle s’approcha silencieusement, tentant de ne pas réveiller la dormeuse qui semblait faire un rêve bien étrange. Qui sais…uen conversation allait peut-être lui remonter le moral. Voyant que celle-ci avait ouvert les yeux, souriant légèrement à la vue de sa chevelure bleutée, elle dit :

-Salut…je dérange?

[Vrai? Merchiii ^0^]

Balayant les alentours, le regard de Bawabawa se posa finalement sur une silhouette féminine qui s’était aventurée tout près. Les dernières brumes de sommeil achevant de squatter ses paupières collées par une lourdeur vengeresse, - ha, ça c’était pour les devoirs hein ? représailles…- la fillette détailla l’inconnue qui lui faisait face. Celle-ci devait avoir 15 ou 16 ans, et Bawabawa ne se fit pas prier pour détailler la maturité super sexy d’une étudiante de Poudlard qui avait déjà derrière elle sagesse et expérience (enfin, sûrement !). Elle ne connaissait pas sa maison mais la voyait parfaitement chez Gryffondor, sa magnifique chevelure ambrée chatoyante se mariant avec harmonie au safran et au vermillon du Lion doré emblématique des courageux. De plus, son visage, quoi que triste en ce moment, semblait emprunt de gentillesse et ce n’était pas le cas de tout le monde ici. Il n’y avait qu’à tourner les yeux d’un quart de tour sur la droite pour apercevoir un groupe de Serpentards qui les toisaient avec un air goguenard.
Les ignorant superbement, Bawabawa écouta la question de la jeune inconnue et prit une grande inspiration. Cette fois, ça serait la bonne: elle allait tout faire pour parler correctement. Il y avait encore deux ans à peine, la fillette ne parlait guère que le Suèdois et son Anglais était à présent plus qu’approximatif. Elle se cala fermement sur son starting-bloc et plongea tête la première, avec un grand sourire accueillant accroché à ses lèvres pâles:

"Non, non, pas du tout ! Tu peux asseoir toi ici si tu veux."

La douche glacée de son saut ne passa pas inaperçue mais elle estima qu’elle s’en était plutôt bien sortie. Dévoilant le feston de ses dents immaculées, Bawabawa sourit d’un air joyeux et montra de la main une place à côté d’elle où l’herbe était aplatie, espérant que la vive couleur péridot ne laisserait pas des traces sur la magnifique minijupe à l’étoffe purpurine de l’étudiante.
La fillette se redressa dans une position convenable pour accueillir une invité ; propre à son habitude, elle avait durant son sommeil dormi n’importe comment, étalant bras et jambes en tout sens. Même son Eastpak bleu avait glissé et elle devrait laver ses courts cheveux lapis dès son retour au château. La brise souffla encore une fois, apportant un brin de fraîcheur à la température ambiante, et rendant l’atmosphère encore plus agréable. La seule tâche au tableau, et qui réclamait sans doute le plus grand détergeant, c’était le groupe de Serpentards qui, sur l’autre rive, s’étaient maintenant mis à rire en observant dans leur direction. Etant une Sang-Pur, Bawabawa avait l’avantage de la tranquillité, mais si elle avait été une enfant de Moldus jamais elle n’aurait pu piquer un somme aussi impunément en laissant ses affaires à la portée de tout le monde. Etre ingénu ne suffisait plus à protéger les âmes innocentes…

La jeune fille se tourna vers l’adolescente, estimant qu’il serait plus correct de se présenter.

"Moi c’est Bawabawa, je provient de Suède et je suis à Serdaigle ! Et toi ?"

Et tac, encore une faute ! Heureusement qu’on ne la sanctionnait pas en cours sur ses erreurs de grammaire et de syntaxes ; cela reviendrait à s’élancer à cœur perdu sur un champ de mines. La fillette allait justement s’excuser pour cela, et expliquer à l’étudiante qu’elle était étrangère, quand l’azur de ses iris croisèrent le regard havane de celle-ci. Elle avait le teint légèrement opalescent et ses yeux étaient un peu gonflés ; il ne faisait aucun doute qu’elle avait pleuré.
La tristesse empreinte sur les traits de son visage n’était donc pas une illusion…Bawabawa la regarda avec une mine un peu inquiète, non parce que l’adolescente avait versé des larmes, mais parce que celle-ci lui avait quand même sourit avec gentillesse. Il n’était pas bon de se forcer, et il valait mieux laisser couleur d’abord les pleurs ; généralement, on se sentait mieux. La fillette pensa que l’inconnue en face d’elle était courageuse de se retenir ainsi, et se dit qu’elle aurait définitivement sa place à Gryffondor.

"Est-ce que ça va bien ?"