« Je veux que les fées existent, j'y crois, j'y crois ! » © Peter Pan le film

« Quoi qu'ils en disent, je serai une fée plus tard ! Nous avons des sirènes, des créatures toutes plus étranges les unes que les autres, des fées miniatures que l'on utilise pour décorer les arbres de noël, alors pourquoi pas des fées humaines comme moi ? Je trouverai le moyen d'en devenir ! »

C'est sur ces considérations peu communes exprimées à voix haute dans le couloir qu'Eve se dirigea en hâte vers la bibliothèque. Avec un peu de chance, elle trouverait des livres susceptibles de l'aider. Bousculant un élève, et s'arrêtant pour ramasser ses affaires et s'excuser, elle repartit toutefois rapidement, et s'arrêta haletante, les mains sur les genoux, devant la porte de la bibliothèque.
S'adossant au mur, elle resta là quelques minutes, puis poussa enfin la lourde porte de bois, ouvrant ainsi l'accès à la bibliothèque... Il y avait peu de monde. Enfin, ça ne l'étonnait pas, les gens qui allaient à la bibliothèque étaient plutôt considérés comme des intellos. Mais elle s'en fichait, elle n'y allait pas souvent, et qui plus est, même si elle y allait, c'était rarement pour du travail scolaire.
D'un pas léger, elle s'avança, et posa un peu bruyamment son sac sur une table, ce qui lui valut des regards noirs des rares personnes présentes dans la salle.
Ne s'attardant pas la dessus - elle n'aimait pas perturber les gens, surtout dans leur travail, mais elle n'allait pas dramatiser l'affaire - elle se dirigea vers les rayons de livre. Les étagères en bois vernis la fascinaient, tellement elles étaient belles. De plus, les ouvrages qui étaient sur celles ci donnaient un plus à leur charme. Pas pour leur contenu, oh ça non... Mais pour leur aspect. Noirs, bruns, neufs, usés, vernis, reliés, tous étaient uniques et magnifiques à la fois.
Elle aimait contempler ces étagères pleines d'ouvrages extraordinaires. Ceci dit, elle n'était pas là pour ça. Mais... Par où commencer ? La métamorphose, ou bien les créatures magiques ? C'est donc cette question dans la tête que Lewellyn restait là, au milieu du passage, les bras ballants.

Un jour normal, comme les autres. Well marchait tranquillement dans le couloirs avec ses affaires dans les bras, sa casquette vissée sur sa tête, qu’elle avait accordée exprès à un court gilet rose enfilé sur un simple T-shirt noir, le tout agrémenté d’un jean évasé et délavé aux genoux. Le look moldu par excellence, mais elle n’arrivait pas à se défaire de cette habitude; d’ailleurs elle trouvait ces vêtements beaucoup plus confortables et esthétiques que les continuelles et anonymes capes portées par les sorciers. Elle marchait nonchalamment le long du couloir du quatrième étage, regardant parfois le paysage intermittent par les fenêtres qui déversaient un flot de lumière, quand une voix plus haute que les autres lui fit tourner la tête. Intriguée, elle écouta les paroles de la personne qui venait de parler –tout seule, qui plus est- et n’en crut d’abord pas ses oreilles.

Quoi ? Cette fille se prenait pour une fée ? Elle pouffa intérieurement, amusée. Il y avait parfois dans cette école de drôles de rigolos, c’était ce qui faisait, d’ailleurs, son originalité. Secouant la tête pour chasser ces pensées, elle reprit sa marche, mais la fille bizarre en question venait de faire volte-face et la percuta de plein fouet. Le choc projeta Well en arrière et elle ses livres tombèrent avec un bruit mat sur le sol. Reprimant tout commentaire, elle entendit les excuses de son interlocutrice et accepta son aide avec gratitude. Celle-ci ne s’éternisa d’ailleurs pas et fila dans le couloir à toute allure.
Avec un dernier regard en arrière, Sam reprit son trajet mais s’aperçut quelques secondes plus tard, en triant ses affaires maintenant en bordel, qu’elle avait oublié à la bibliothèque son livre sur les Ballycastle Bats.

Rebroussant chemin, elle arriva deux minutes plus tard à la bibliothèque et, pénétrant à l’intérieur de la vaste salle lambrissée dont les étagères dégorgeaient de bouquins divers et variés, Samael vit que la drôle de fille s’y était rendue également. Elle avait l’expression typique de quelqu’un qui cherche quelque chose mais qui ne sais pas par où commencer ses investigations. Déconcertée, la Poufsouffle récupéra son livre sur la table où elle l’avait abandonné et fouilla dans ses affaires à la recherche d’un autre manuel qu’elle avait emprunté quelques jours plus tôt à la bibliothèque pour devoirs scolaires. L’ayant trouvé, elle s’approcha ensuite de la fille qui restait dans le passage, ne sachant que faire. Well détailla furtivement de son regard critique ses yeux émeraude ainsi que sa longue chevelure couleur d’ébène, et dit:

° Tiens. J’ai encore jamais vu personne se transformer en fée mais ce livre pourrait peut-être utile. Ca m’étonnerait que tu y trouves ce que tu cherches mais on ne sait jamais…

Son ton était indubitablement ironique mais Well n’y pouvait rien, elle était comme ça. Depuis son enfance, en fait, durant laquelle certains épisodes s’étaient déroulés et lui avaient forgé un comportement plutôt acide. Elle avait la critique facile et se montrait souvent comme un monstre de sarcasme. En l’occurrence en cet instant, son sourire en coin trahissait l’accès d’hilarité moqueuse qu’elle retenait devant le ridicule de la situation, de même que son œil qui jaugeait la fille de haut en bas en se demandant en quoi elle pouvait bien ressembler à une fée.

Eve réfléchissait donc à sa future action, embêtant probablement tout le monde et étant aussi probablement la source de leur rire - une élève de 7ème année, qui, semble-t-il, est coupé du reste des gens, l'air un peu perdu, ça fait toujours rire - mais elle n'eut pas l'occasion de prendre une décision quelconque qu'on le fit pour elle.
Une voix étrange la sortit de ses pensées, mais c'est surtout l'apparence de la demoiselle qui la ramena dans le monde réel. Non pas que les habits moldus de la demoiselle - visiblement plus jeune que Lewellyn - en face d'elle ne la choque, elle avait l'habitude avec Damien et Tutsie, mais l'assortiment était... peu commun.
Peu de gens avaient des cheveux... roses, et les vêtements assortis. Car oui, Eve devait lui céder ça : elle n'avait pas mauvais goût, et accordait sa tenue. Et oui, Lewellyn était incorrigible : alors qu'elle aurait du se soucier du livre dont lui parlait la demoiselle, elle regardait son look vestimentaire. Eve, superficielle ? Si peu. Il suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle aimait soigner son apparence : des cheveux coiffés/décoiffés en une harmonie parfaite, un maquillage discret mais qui mettait ses yeux en valeur. Des lèvres pulpeuses d'un beau rouge - pourtant pas surlignées par du rouge à lèvres. Et puis, ses vêtements : pas l'uniforme, non. Une petite jupe noire - qui lui arrivait environ aux genoux - avec un débardeur vert, qui rappelait la couleur de ses yeux.
Bref, quelque chose de très classique (pour elle), mais qui la mettait en valeur.
Stoppant ses considérations sur la « mode », elle écouta ce que lui disait la fille, et malgré le ton quelque peu moqueur - dont Eve se fichait totalement - elle essaya de regarder le livre, dont le titre lui était caché.

« Ah bah c'est gentil à toi ! C'est quoi comme livre ? »

Quand la drôle de fille en face d’elle se retourna pour lui faire face, Well vit que celle-ci semblait plutôt étonnée par son apparence. Son regard passa furtivement sur ses habits. Effectivement, elle s’était habillée plutôt criard aujourd’hui, histoire d’accorder le tout avec ses cheveux…Mais après tout ce style faisait partie de sa personnalité, il en était même la signature. Elle remonta un peu les manches de son gilet rose pour se donner un air plus désinvoltement important et reporta son attention sur son interlocutrice. Celle-ci semblait être plus âgée qu’elle de quelques années: elle était sûrement en sixième ou septième. Impossible par contre de deviner sa maison par son uniforme, puisqu’elle portait des vêtements simples mais de bon goût qui mettaient en valeur sa silhouette et son visage fin, faisant oublier le côté déconcertant de son comportement. Ses yeux céladons brillaient comme des étoiles.

La fille la remercia et lui demanda de quoi parlait le livre, essayant de lire son titre caché sous la paume de Sam. Celle-ci le leva à hauteur d’homme; c’était un bouquin classique, noir relié de cuir, dont le titre s’étalait en lettres dorées sur le dessus: Métamorphose et espèces, principales caractéristiques. Les paroles de l’adolescente firent sourire Well.

°Tu ne trouveras pas plus gentille que moi dans cette école fit-elle d’un ton très sérieux en redressant la tête alors que ses cheveux voltigeaient légèrement autour de son visage. Parfois, je pense que ma générosité me perdra. Enfin…Ca parle de métamorphose en général, un peu de métabolisme, tout ça... Je crois que c’est le seul exemplaire de cette bibliothèque et qu’il est assez rare expliqua t-elle en omettant volontairement de dire qu’elle l’avait pris dans la réserve de la bibliothèque. Puis sur ce qui est des transformations, je m’y connaît pas mal, je suis un animagus.

Aïe, elle n’aurait pas du dire ça, généralement les personnes autour se précipitaient sur elle afin de savoir tous les détails. Enfin, ça ne semblait pas trop être le genre de cette fille, quoi qu’on ne savait jamais. L’habit ne faisait pas le moine, Well s’était souvent pris des déconvenues en oubliant cet adage. C’est pourquoi elle changea précipitamment de sujet:

°Mais au fait, pourquoi tu veux devenir une fée ? Ca t’as pris comme une envie de pisser ?

» Teddy... Tu veux un susucre ? | Pv